Conjoints aidés

Pour ensoleiller mon regard sur mon quotidien

Une Fabuleuse aidante 8 août 2022
Partager
l'article sur


La maladie de mon compagnon, la mienne, puis le décès de mon compagnon, ont fait que mon regard sur ma vie au quotidien a changé. Et lorsque cette vision redevient sombre, je m’efforce de l’ensoleiller.

Je ne peux pas changer les choses, mais je peux les regarder différemment.

Lorsque le diagnostic de cancer est tombé pour mon compagnon, la colère m’a envahie et il a fallu faire face. La vie continuait. Il ne voulait pas d’infirmière pour s’occuper de lui, puisque c’est mon métier. Finalement, notre relation, qui était déjà marquée par un amour inconditionnel, s’est amplifiée lors des soins : nos regards en disaient si long… 

Sans cette maladie, nous n’aurions jamais passé ce cap si fort. C’est là où mon regard sur la maladie a changé et où j’ai accepté. J’ai compris qu’il fallait payer le prix fort pour arriver à des extrêmes d’amour.

Ensuite, je suis moi-même tombée malade, une sclérose en plaques.

Les débuts ont été difficiles, j’ai cherché une autre maladie telle que Lyme, je n’en voulais pas, de ce handicap. 

Et puis, là aussi, j’ai cherché ce qu’il pouvait y avoir de positif dans cette galère. Je me suis aperçue que j’avais du temps pour mes enfants et pour prendre soins de moi.

Au départ, je ne savais pas ce que j’avais, je pensais mourir d’un cancer avec des métastases cérébrales. Ma vision de tout — des gens, des choses, de la vie, des priorités — a été chamboulée. Simplement, mes enfants devenaient ma priorité — comme toujours d’ailleurs : rien d’autre n’avait de l’importance. À ce jour, j’ai besoin de peu pour me satisfaire.

Mes enfants vont bien et suivent leurs projets… tout roule ! Moi, je peux tout faire, en sachant que le lendemain, j’en “paie le prix fort”. Mais ça n’est pas grave : aujourd’hui je peux le faire, demain, je ne sais pas !

Je me contente de peu et je profite du moment présent. Je m’émerveille devant une fleur, un bourgeon, un oiseau… tout devient beau.

Ensuite, il y a eu le décès de mon compagnon, mon “amour éternel », comme nous nous appelions.

Et là, j’ai connu la solitude, malgré le fait que je vive avec mes enfants. Difficile de considérer la fin de notre histoire avec un nouveau regard qui soit positif. Cependant, la vie continue et les aventures également.

Oui, je vois ma vie ainsi : un film avec plusieurs saisons et de nombreux rebondissements !

Parfois, le quotidien est difficile entre les douleurs, la fatigue, la solitude, le ménage, le repas, le linge… mais je m’efforce de trouver chaque soir au moins trois choses positives dans ma journée : un sourire, une bêtise de mon chat, un bonjour du voisin, un brownie, le ciel…

Je suis convaincue que quand on s’efforce à voir le positif, le quotidien est plus facile à porter. Que je sourie ou que je pleure, ma douleur et mes difficultés de mobilisation seront toujours présentes alors, autant sourire.

Je préfère enfiler mes lunettes ensoleillées et quitter celles qui assombrissent.

Ce texte nous a été transmis par une Fabuleuse aidante, Sylvie.



Partager
l'article sur




Cet article a été écrit par :
Une Fabuleuse aidante

Nos lectrices, elles aussi aidantes, nous envoient parfois des textes formidables que nous avons plaisir à publier ici.

Articles similaires

Conjoints aidés

Grégory Mouyen, un coureur hors norme

Depuis ses 18 ans, le marathonien hémiplégique Grégory Mouyen court pour sensibiliser à l’inclusion. Après avoir rallié l’Elysée depuis Bordeaux…

Conjoints aidés

Anousha : « Après le cancer, c’est une autre vie qu’il faut inventer »

À 26 ans, Anousha se retrouve propulsée aidante de son mari. L’écriture sera son refuge. Trois ans plus tard, alors…

Conjoints aidés

Trois pièges relationnels à déjouer

Chère Fabuleuse aidante, Elle avait bien sûr la meilleure intention du monde en te disant ces mots ou en accomplissant…