Enfants extraordinaires

Elle se sent seule

Anna Latron 15 février 2021
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Elle se sent seule. Elle ne comprend pas pourquoi depuis la naissance de son enfant, tout en elle est devenu fragile. Elle ne comprend pas pourquoi depuis l’annonce de la maladie psychique de son conjoint, quelque chose en elle s’est mué en vulnérabilité.

Elle remet tout en question.

  • Était-ce le bon professionnel à qui s’adresser ?
  • Et si elle s’était trompée ?
  • Et si elle avait pris la mauvaise décision concernant sa maman atteinte d’Alzheimer ?

Elle se juge, aussi. Tout le temps. Dès qu’elle entend les autres parler de leur travail et de leurs missions à boucler, une boule d’angoisse lui enserre le ventre. Ce ventre qui a donné la vie, une vie “différente”, une vie “imparfaite”.

Alors oui, elle sait que la naissance d’un enfant rend vulnérable, qu’aider à faire grandir un enfant différent demande beaucoup de courage et de force, mais elle se sent quand même nulle.

Oui, parce qu’elle a l’impression que les autres, eux, gèrent.

Elle se sent au bord du chemin. Elle se sent seule. Seule dans ses questionnements, face aux dossiers à remplir encore et encore.

Elle aimerait un soutien, quelqu’un qui lui dise « ça va bien aller ». Quelqu’un qui lui dise :

« Tu sais, c’est normal de douter, c’est normal d’être découragée, c’est normal de ne pas être sûre ».

Je la regarde et j’ai simplement envie de la prendre dans mes bras.

Envie de la serrer tout contre moi et de lui dire « je sais ».

« Je sais ce que tu vis parce que moi aussi, je suis passée par là ».

Et même : « Je passe encore par là de temps en temps ».

Moi aussi j’ai pleuré rien qu’en pensant aux dossier à remplir, au centre de diagnostic à relancer, au regard noir de la maîtresse le soir. J’ai pleuré de me sentir à ce point tiraillée entre mon envie de me consacrer à mon travail et la culpabilité de laisser mon enfant mais surtout la peur de ne pas être à la hauteur, de ne plus parvenir à être comme tous les autres, qui semblent évoluer avec tant de facilité dans l’univers de la parentalité.

Comment j’ai fait pour me sortir de cet isolement ?

J’ai dû accepter que la facilité et la légèreté ne font définitivement pas partie de mon expérience de la maternité. Et avancer, au lieu de résister et de souffrir encore plus.

La maternité m’a laissée au bord de la route, petit animal apeuré et fragilisé par les « et si ? », les « j’aurais dû », les « les autres, eux… ».

Chère Fabuleuse,

  • Moi aussi, je me suis sentie à ce point vulnérable que je me suis cherchée des excuses pour ne pas accepter une main tendue.
  • Moi aussi, je me suis isolée en me disant que j’étais la seule à être hantée par cette comédie de l’imposture qui me tenait éveillée entre 4 et 5 toutes les nuits.
  • Moi aussi, je n’ai pas répondu aux appels de mes amies parce que je ne savais pas trop comment leur dire que ça clochait chez moi et que je me demandais si j’étais encore capable de vie en société.

Moi aussi.

Alors, voilà ce que j’aimerais te dire, à toi qui te sens seule aujourd’hui :

  • Non, tu n’es pas la seule à galérer
  • Oui, tu vas y arriver

…Et oui, il existe des endroits où on peut oser montrer notre vulnérabilité, où on peut oser dire qu’on n’en peut plus, mais où en même temps on nous donne des outils et beaucoup de bienveillance pour ne pas rester dans la plainte et voir tout ce qu’il y a de beau dans notre quotidien ici et maintenant.

Oui, il existe des endroits où les femmes ne sont plus en compétition mais où elles apprennent à développer un compagnonnage conjugué au féminin et à la sauce maternelle, avec un zeste de différence, de handicap, de maladie, de dépendance et de dépression ; des endroits où la sororité et la douceur droit de cité.

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Tu peux encore nous rejoindre aujourd’hui !



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Cet article a été écrit par :
Anna Latron

Journaliste de formation, Anna Latron collabore à plusieurs magazines, sites et radios avant de devenir rédactrice en chef du site Fabuleuses au foyer et collaboratrice d’Hélène Bonhomme au sein du programme de formation continue Le Village. Mariée à son Fabuleux depuis 10 ans, elle est la maman de deux garçons dont Alexis, atteint d’un trouble du spectre de l’autisme.

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